Pourquoi statistiquement les États ne remboursent JAMAIS leurs dettes…

Ceux qui auront étudié l’Histoire de la dette étatique se rendront assez vite à l’évidence… Un État ne rembourse jamais sa dette en totalité !

   D’après Martin A.Armstrong, le seul État dans l’Histoire à avoir remboursé en totalité sa dette serait la Roumanie au début des années 1980. En prenant ainsi la liste des défauts depuis 1800, on en arrive à la donnée mathématique que 99,99% des États ayant eu une dette de l’ont jamais remboursé en totalité.

RAISONS ÉCONOMIQUES

Le premier élément fondamental est que les États n’ont pas de bénéfices, pas d’actifs, et ne peuvent pas être jugés en cas de défaut (si ce n’est par eux même). Bref, ils sont biens plus insolvables que les entreprises. Le remboursement ne se fait presque que par roulement des dettes… Faire de la dette pour rembourser la dette passée, à quoi s’ajoute un déficit lui-même devenu perpétuel.

Dans les années 1980, quand le marché obligataire était au plus bas, les obligations étaient encore surnommées aux États-Unis « certificates of wealth confiscation ». Littéralement, « certificats de confiscation de richesses ».

La mémoire humaine s’évapore très rapidement dans une bulle. En l’espace de quelques décennies, nous sommes passé des produits redoutés à la « sécurité » obsolue présente dans presque chaque épargne. À partir des années 1980, de nombreuses lois se sont faites en faveur des obligations d’États dans le système financier alors que la confiance financière envers l’État et son pouvoir s’est accrue.

Le processus à de très fortes chances de s’inverser à partir de 2021. Et les conséquences risquent d’être véritablement dangereuses pour la stabilité monétaire en Europe.

DÉMONSTRATION ÉCONOMIQUE

Extrait de « 2021, Prémices de l’effondrement« , publié avant le confinement, pages 124 à 127 :

« […] La crise touchera donc aussi la population. Si nous nous basons sur l’exemple français, un remboursement immédiat de la dette de l’État qui est de une fois le PIB, provoquerait une diminution de 100 % du PIB ; autrement dit rembourser revient à détruire toutes les richesses, et à faire du peuple français un peuple en retour au temps de la Gaule… Situation caricaturale bien entendu…

Mais pour illustrer ce que représente la dette, basons-nous sur une situation peu plausible. Premièrement, la dette reste stable (le schéma public de Ponzi se stoppe miraculeusement). Prenons alors en compte un remboursement de cette dette étalé sur 25 ans, avec une croissance de 63,5 % à raison de 2 % par an en moyenne. Ce remboursement équivaudrait à une baisse des revenus de 63,1 % (2 400Mds€/2 400+63,5 % Mds €). Si l’on rajoute maintenant une inflation de 2,0 % par an moyenne sur 25 ans, soit une inflation de 63,5 % en 25 ans. Cela équivaudrait alors à une baisse de 36 % des revenus, l’inflation diminuant le poids de la dette. Deux phénomènes additionnés sur la même base de croissance et d’inflation, cela équivaut à une baisse de 22 % des revenus sur 25 ans. Qui serait ainsi prêt à perdre 20 %, 40 %, voire 60 %, 100 % de ses revenus en partant sur une hypothèse d’inflation, et avant tout de croissance (qui aujourd’hui est presque improbable) ? Même si les Français touchent le tiers de ses 22 % sur leur épargne, cela revient à une baisse de près de 15 % des revenus. Le tout sans prendre en compte les conséquences de cette baisse des revenus sur l’économie. 

   Dans un capitalisme d’État, la croissance est financée par les Finances publiques. Cela veut clairement dire que tant qu’il y aura une dette, ou encore un déficit, aujourd’hui causé par la dette, il y aura un frein à la croissance. Dans tous les cas, en plus de la pression déflationniste qu’impose l’État, et sa ponction sur l’investissement productif. Cela rend donc presque improbable la croissance, qui est la principale mission de l’État, contrairement aux États-Unis. C’est effectivement un des gros problèmes et manque de compréhension que de confier la croissance à l’État et non à la banque centrale. Si jamais l’État est en difficulté, c’est toute l’économie qui plonge. Ces mêmes difficultés qu’une banque centrale, en théorie, ne peut pas connaître. 

   L’État, par son monopole (permis en partie par la dette), limite la croissance et l’inflation. C’est systémique. Cela a pour effet automatique, puisque l’État ne sera plus en mesure d’accompagner le mouvement de croissance plus loin, de diminuer la croissance. Sur 30 ans, en partant sur les mêmes moyennes, ce serait une baisse de près de 10,4 % des revenus lors du remboursement à terme. Aucune population n’est prête à subir une telle baisse sans tensions graduelles. Il faudrait pour l’exemple de la France, en partant du principe que sa balance budgétaire est stable (aujourd’hui en déficit commercial), prendre en compte le fait que 1/3 des Français détiennent de la dette. Le remboursement entraînerait l’apport sur 30 ans de 3,4 % du PIB sur l’épargne, autrement dit une baisse des revenus d’environ 7 % en vue du fait que le remboursement entraîne une augmentation de l’épargne disponible réelle, et en partant du principe qu’une importante partie de l’épargne est réinvestie. 

   En clair, il faudrait au moins 60 ans pour que le remboursement des dettes étatiques (sans prendre en compte les dettes des collectivités ou autres institutions !) en Europe avec leurs niveaux actuels, prenne effet  »en douceur ». Faut-il encore qu’il n’y ait AUCUNE CRISE, ou encore UNE CROISSANCE ET UNE INFLATION PERPÉTUELLE ce qui est, de toute évidence, impossible aujourd’hui, et encore moins cycliquement. Par cela même qu’il faut prendre en compte le niveau d’endettement et la faible confiance, qui limite l’efficacité de ces facteurs. L’inflation de pénurie sera d’ailleurs d’autant pénalisante pour l’État sur les années à venir.

[…]
Nous voici donc avec trois situations… Le remboursement de la dette entraînerait la baisse des revenus sur les prochaines décennies. Le défaut entraînerait la destruction de l’épargne ou bien l’hyperinflation entraînerait la ruine du pouvoir d’achat (et de l’épargne). Dans ces deux derniers cas, c’est généralement la crise monétaire. […] »

Comme j’en ai parlé dans mon livre :

« Nous sommes passés d’un déficit qui alimentait une dette à une dette qui alimente le déficit… Le déficit alimentant la dette. La pyramide fonctionnant jusqu’à la crise monétaire »

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