Sociologie et économie, ou : « pourquoi on a tué l’économie avec le COVID ? »
La sociologie et l’économie sont intimement liées, et d’ailleurs au lycée en France, elles sont enseignées sous la même matière nommée « Sciences Economiques et Sociales ».
Sociologie : définition
La sociologie est, comme l’économie, une science sociale. Elle cherche à comprendre, comme son nom l’indique quelle est la logique de fonctionnement d’une société (« socio » et « logie »). Elle s’intéresse en particulier à l’impact qu’a la société sur le comportement des individus. Contrairement à la psychologie, la sociologie ne se préoccupe pas de savoir ce qui « ne tourne pas rond » chez un individu mais comment la société a agi sur cet individu. Si on prend l’exemple du suicide, le sociologue n’expliquera pas le suicide par une cause psychologique mais par une cause liée à la société, comme le manque d’intégration de l’individu suicidaire à la société qui l’entoure.
Liens entre économie et sociologie
La totalité des phénomènes économiques sont liés à des phénomènes sociaux : soit ils les provoquent, soit ils en sont la conséquence, soit ils interagissent. Ainsi, pour reprendre l’exemple précédent, une récession économique fait que les entreprises produisent moins, donc elles ont besoin de moins de main d’oeuvre, donc cela entraine un fort taux de chômage, et le chômage entraine un défaut d’intégration à la société de beaucoup d’individus qui basculent alors souvent massivement dans la délinquance ou se suicident. Le taux de suicide augmente en période de fort chômage, cela est confirmé par de nombreuses études comme celle de laquelle est issue le graphique suivant de l’Inserm :
Dans le cas que nous venons de voir, un phénomène économique déclenche des changements sociaux. Mais l’inverse est vrai aussi, comme avec la crise actuelle du coronavirus.
Exemple de la crise du coronavirus
Prenons l’exemple de la crise actuelle du coronavirus. Un virus qui a déclenché un blocage complet et quasi-total de l’économie. Un PIB qui devrait baisser de plus de 8% en cette année 2020, à cause d’un virus! Ce sont les gouvernements qui ont décidé autoritairement de fermer tous les lieux de loisir (bars, restaurants, salles de spectacles, etc), un peu partout dans le monde, et souvent avec le soutien de la population; dans certains pays comme la France, des mesures de confinement ont été imposées.
Il y a un siècle la grippe espagnole a tué plus de 50 millions de personnes dans le monde. Soit 1 à 2% de la population mondiale. Selon les meilleurs experts, le coronavirus, si on l’avait laissé faire sans s’en préoccuper, aurait tué un peu moins de 1% de la population mondiale. Un virus moins mortel que la grippe espagnole. Et pourtant, il y a un siècle, personne n’avait pris la moindre mesure autoritaire face à la grippe espagnole. Certes il n’y avait pas la technologie actuelle ni les canaux d’information actuels, mais le confinement existe depuis le moyen-âge, et même avant! Il aurait très bien pu être décrété mais ne l’a pas été.
Pourquoi ce changement face à un virus? Car la société a changé, les mentalités ont radicalement changé, la vie humaine n’a plus le même prix qu’il y a un siècle : aujourd’hui, dans les représentations sociales, c’est à dire les manières de percevoir collectivement quelque chose, la vie d’un être humain est devenue sacrée. Ce qui n’était pas le cas il y a un siècle. On peut relier cela au fait que les croyances religieuses, dans les sociétés occidentales du moins, se sont amenuisées, que le mystique a moins de place, que la rationalité, corollaire de la science, a pris cette place occupée autrefois par la religion.
Ce phénomène s’observe surtout sur les 50 dernières années. Même aux Etats-Unis, où la religion reste bien plus importante qu’en France, le pourcentage des personnes sans religion a été multiplié par près de 5 sur les 50 dernières années :
En France, le nombre de prêtres a baissé de 77% en 58 ans, passant de 5037 à 1168 entre 1961 et 2018, dans une région comme la Bretagne qui reste pourtant une des régions les plus catholiques de France.
Les religions transmettent à leurs fidèles la perspective d’un « après-vie », ce que la science n’est pas (encore?) capable de faire. De ce fait, le règne de la science érigée comme dogme, prive toute une partie de la population de la croyance en un au-delà. La peur de la mort, la quête d’une bonne santé afin de profiter à fond de la période que nous avons à vivre , la volonté de prolonger la vie le plus longtemps possible… Voilà les nouvelles valeurs dominante de nos sociétés. Une valeur, en sociologie, est une idée à laquelle un groupe d’individus (un pays par exemple) adhère collectivement. Les valeurs font partie de la culture. La culture se définit en effet comme l’ensemble des valeurs et des normes sociales (une norme sociale, c’est qui est normal de faire; être hors-normes c’est sortir de la normalité et donc s’inscrire dans une forme de contre-culture)
Ainsi, la baisse des croyances religieuses, alliée à une croyance accrue à la science, a engendré une peur de la mort bien plus importante qu’il y a un siècle. Etre en bonne santé a pris le pas sur d’autres valeurs, dominantes il y a un siècle, ou même un demi-siècle, et considérées comme ringardes ou passéistes aujourd’hui, au mieux secondaires. Au rang desquelles on peut placer la loyauté, le courage, la force, la fidélité, l’honneur, l’amour de la Nation ou la maternité. Voire même la liberté.
Ainsi l’explosion des produits bio ces dernières années s’inscrit totalement dans cette perspective.
Du coup, pour être en bonne santé, la population accepte, dans un cas extrême comme la crise du coronavirus, d’être privée des libertés les plus élémentaires comme la liberté de déplacement.
C’est donc un phénomène de société, un changement de valeurs dominantes par rapport à l’essentiel du vingtième siècle, à savoir la peur collective de la mort, la quête d’une bonne santé, de rester en forme, qui entraine aujourd’hui une chute vertigineuse du PIB mondial, cela étant particulièrement marqué en France.
On voit donc à travers cet exemple l’intime liaison qui se noue au fil de temps, entre la sociologie et l’économie.
Et d’ailleurs, si on prolonge le raisonnement, vu que cette crise sanitaire provoquée par une peur collective va provoquer une crise économique, on sait très bien que la baisse du PIB va entrainer une hausse du chômage et donc du suicide… C’est paradoxal, mais en voulant se préserver l’humanité risque de se tirer une balle dans le pied…
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